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Veterinary Focus

Numéro du magazine 26.2 Marketing et vente

Pourquoi s’intéresser aux félins dans votre clinique vétérinaire ?

Publié 25/02/2021

Ecrit par Susan Little

Aussi disponible en Deutsch , Italiano , Español et English

Il y a un peu plus de 50 ans, le Canadian Veterinary Journal publiait un article présentant un aperçu de l’ensemble des connaissances de l’époque en matière de médecine féline. Il tenait en dix pages. Depuis, l’intérêt pour la médecine féline a progressivement évolué, et les premières cliniques exclusivement félines ont été créées aux États-Unis dans les années 1970. Les vétérinaires peuvent désormais suivre un cursus de spécialisation en médecine et en chirurgie féline dans de nombreux pays, et bénéficier de formations continues spécifiques, incluant des revues et des manuels dédiés à la médecine féline.

Faire en sorte que le chat soit à l’aise lors des actes médicaux fait partie intégrante d’une manipulation respectueuse.

Key points

Bien que la médecine féline ait énormément progressé ces 50 dernières années, beaucoup de propriétaires de chats sont moins enclins que les propriétaires de chiens à consulter un vétérinaire pour leur animal.


Il est de l’intérêt de l’animal, du propriétaire et du vétérinaire d’adapter les règles et pratiques des cliniques à la clientèle féline, le point de départ étant de comprendre la nature unique des chats.


De petits choses peuvent rendre une clinique accueillante, rassurante et adaptée aux chats ou au contraire rebutante à la fois pour les chats et leurs propriétaires.


La manipulation des chats est un élément essentiel des bonnes pratiques félines, et il existe différentes manières d’y parvenir.


Introduction 

Il y a un peu plus de 50 ans, le Canadian Veterinary Journal publiait un article présentant un aperçu de l’ensemble des connaissances de l’époque en matière de médecine féline 1. Il tenait en dix pages. Depuis, l’intérêt pour la médecine féline a progressivement évolué, et les premières cliniques exclusivement félines ont été créées aux États-Unis dans les années 1970. Les vétérinaires peuvent désormais suivre un cursus de spécialisation en médecine et en chirurgie féline dans de nombreux pays, et bénéficier de formations continues spécifiques, incluant des revues et des manuels dédiés à la médecine féline. Toutefois, il existe une déconnexion entre les progrès de la médecine féline et la pratique vétérinaire quotidienne. Bien que le chat ait supplanté le chien au rang de premier animal de compagnie dans de nombreux pays, la majorité des cliniques vétérinaires sont conçues avant tout pour les chiens. En outre, certaines statistiques alarmantes sur la médecine vétérinaire féline ont été récemment publiées, soulignant encore l’écart qui existe entre les soins fournis aux chats et ceux fournis aux chiens. Entre 2006 et 2011 par exemple, les consultations vétérinaires félines ont diminué de 4,4 % aux États-Unis, alors que les consultations canines ont augmenté de plus de 9 % sur la même période 2, et on estime que moins de la moitié des 74 millions de chats de compagnie de ce pays reçoivent des soins vétérinaires réguliers. En 2011 au Canada, seulement 46 % des propriétaires de chats ont amené leur animal chez le vétérinaire dans les 12 derniers mois, contre 77 % des propriétaires de chiens 3. Si ces statistiques sont décevantes, elles peuvent être l’occasion d’améliorer la santé des chats et d’augmenter l’activité vétérinaire. 

Les raisons de cette baisse des soins vétérinaires félins sont multiples et complexes 4. Parmi elles, citons : 

la difficulté d’amener le chat à la clinique vétérinaire ; 
le faible degré de connaissance des propriétaires des besoins médicaux de base des chats ; 
la difficulté des propriétaires à détecter des signes discrets de maladie chez les chats ; 
l’idée que les chats sont capables de se soigner eux mêmes ; 
la croyance que les chats d’intérieur sont protégés de la plupart des maladies ; 
la faible valeur perçue des chats, nombre d’entre eux étant acquis par hasard ou gratuitement ;
le malaise et le stress des propriétaires associés à leurs passages dans la clinique vétérinaire. 

Pourquoi avoir une clinique adaptée aux chats ? 

Tous les vétérinaires qui s’occupent de chats peuvent tirer profit d’une bonne compréhension de leur nature unique, et de leurs réponses physiologiques et comportementales au stress. Les chats sont attachés à leur environnement habituel et le quittent rarement par choix. Le fait d’être forcé à pénétrer dans un environnement inconnu insécurise le chat, et provoque stress et anxiété. Les chats préfèrent éviter le danger et la confrontation en fuyant et en se cachant, stratégies difficiles à adopter lors d’une visite dans une clinique vétérinaire. Il est important de rendre cette visite aussi agréable que possible à la fois pour le chat et son propriétaire, et cela doit commencer le plus tôt possible quand le chaton ou le jeune chat vient pour la première fois à la clinique. A cet âge, le chat a moins de risque de ressentir de l’anxiété pendant une consultation, ce qui donne une chance de fidéliser le client et son animal à la clinique en rendant l’expérience de la visite positive. Et c’est important, car certains propriétaires de chats ont le sentiment qu’une expérience traumatisante à la clinique est plus préjudiciable au chat qu’une absence de soins vétérinaires. La mise en place de mesures destinées à créer un environnement vétérinaire adapté aux chats et l’utilisation de techniques de manipulation respectueuses permettront d’améliorer le bien-être et la qualité des soins vétérinaires apportés aux chats. Parallèlement, le travail avec les chats pourra ainsi s’effectuer dans de meilleures conditions de sécurité et sera plus gratifiant pour l’équipe vétérinaire. En outre, proposer des soins adaptés aux stades physiologiques des chats permettra d’améliorer la détection et le traitement précoces des problèmes, et donc le bien-être et la santé des chats, et par là même de préserver la relation Homme-animal. 

Réduction du stress 

Il est de l’intérêt des chats, et également de l’activité vétérinaire, que les praticiens adaptent les règles et pratiques de leur clinique en pensant aux chats. Cela commence par une information des propriétaires sur les moyens et manières d’amener leur chat jusqu’à la clinique. Dans une étude, 58 % des propriétaires de chats déclaraient que le simple fait de penser à devoir amener leur animal à la clinique les stressait (contre 38 % des propriétaires de chiens) et 38 % déclaraient que leur chat détestait aller à la clinique (contre 26 % des propriétaires de chiens) 5

Réduire le stress associé aux visites vétérinaires commence à la maison, en habituant le chat à sa caisse de transport et à voyager dès son plus jeune âge. Tous les chats doivent faire le trajet jusqu’à la clinique dans une caisse de transport, car il est dangereux de laisser un chat en liberté dans une voiture. Et il n’est pas raisonnable de placer plus d’un chat dans une caisse, car les chats peuvent devenir agressifs et se battre en situation de stress. Il faut privilégier les caisses solides, avec de larges ouvertures sur le devant et sur le dessus, ou dont la partie supérieure se détache facilement (Figure 1).

Le chat doit s’y sentir en sécurité, bien protégé de l’extérieur. Les caisses à parois ajourées peuvent être recouvertes d’une serviette ou d’une couverture pour l’intimité. Une phéromone faciale féline peut être pulvérisée sur une serviette, qui sera placée dans la caisse environ 15 minutes avant d’y installer le chat (le temps que l’alcool du spray s’évapore). Diverses autres astuces peuvent aider à désensibiliser les chats aux caisses de transport, comme le fait de laisser la caisse dans la maison pour que le chat s’y habitue, de donner à manger au chat dans ou à côté de la caisse, de placer de l’herbe à chat ou des jouets dans la caisse, d’entraîner le chat à rentrer dans la caisse sur commande pour obtenir une récompense, et d’habituer le chat à la voiture et à la caisse en faisant des petits trajets pour aller ailleurs qu’à la clinique. Le trajet jusqu’à la clinique doit être effectué à jeun, pour aider à prévenir le mal des transports et faire en sorte que le chat soit plus intéressé par des friandises une fois arrivé à la clinique. Dans certains cas, des médicaments comme le maropitant peuvent être utiles pour lutter contre le mal des transports. 

 
Une caisse de transport à large ouverture est idéale.

Figure 1. Une caisse de transport à large ouverture est idéale. © Susan Little

Cliniques adaptées aux chats 

Une fois à la clinique, le propriétaire doit être entouré de signes visibles qui soulignent l’intérêt du personnel pour les chats, comme des posters, des photos du personnel et de chats de clients, des produits pour chats, et des informations spécifiques sur les chats. Le personnel vétérinaire qui interagit avec les chats et leurs propriétaires doit être bien renseigné sur les soins généraux, le comportement, la manipulation, les besoins médicaux et chirurgicaux des chats, et connaître les races félines. La clinique peut organiser des événements d’information spécifiques ou des ateliers sur le diabète, la prévention et le traitement de l’obésité, ou encore des garderies pour chatons… Une zone d’attente adaptée aux chats, non accessible aux chiens, peut être créée en cloisonnant une partie de la zone d’accueil. Des tables ou des étagères doivent y être installées pour poser les caisses des chats en hauteur (Figure 2). Idéalement, le propriétaire et son chat doivent être installés le plus rapidement possible dans une salle de consultation pour bénéficier d’un lieu plus calme et moins stressant. La limitation des temps d’attente aide à réduire le stress du chat et de son propriétaire. En outre, certaines cliniques réservent des créneaux de rendez-vous (un après-midi par semaine ou un samedi par mois, par exemple) pour la clientèle féline. 

Zone d’accueil adaptée aux chats dans un hôpital vétérinaire de Tokyo

Figure 2a. Zone d’accueil adaptée aux chats dans un hôpital vétérinaire de Tokyo, avec des tables pour poser les caisses de transport en hauteur et des couvertures pour les recouvrir. © Susan Little

Les propriétaires peuvent être invités à poser la caisse de leur chat sur le support en attendant la consultation.

Figure 2b. Des supports sont également disponibles dans le commerce, et les propriétaires peuvent être invités à poser la caisse de leur chat sur le support en attendant la consultation. © Susan Little

La salle de consultation doit contenir tout le matériel et les instruments nécessaires pour s’occuper des chats (Figure 3), car il vaut mieux éviter de quitter la pièce au milieu de la consultation. Il faut veiller à ce que tous les instruments (stéthoscope, thermomètre…) soient nettoyés entre deux patients, non seulement pour limiter la transmission des maladies mais aussi pour éviter d’y laisser les odeurs d’autres animaux. Si possible, une salle de consultation adaptée pourra être réservée aux chats. Une fois dans la salle de consultation, le vétérinaire doit prendre le temps de recueillir l’anamnèse et de parler au propriétaire tout en laissant l’animal s’acclimater et s’aventurer hors de sa caisse, tout seul de préférence. Les chats sont très sensibles aux stimuli visuels (autres chats, autres animaux…), auditifs (voix, instruments, sonnettes…) et olfactifs (parfums, désinfectants, alcool…), et il faut donc être attentif à ces détails pour réduire leur anxiété. La salle de consultation doit constituer un environnement calme et tranquille.

Rien n’oblige à examiner les chats sur une table en inox ; beaucoup de chats préfèrent rester dans leur caisse (la partie supérieure étant enlevée), ou être examinés sur les genoux, au sol, sur une étagère ou un rebord de fenêtre, dans une boîte ou un panier, ou même sur la balance après avoir été pesés. La surface de la table d’examen peut être recouverte d’un matériau antidérapant lavable, comme un tapis de bain en caoutchouc. Il est souvent préférable d’utiliser des tables d’examen non traditionnelles, comme des tables moins grandes achetées dans des magasins d’ameublement ou des tables faites sur mesure de formes différentes. Si possible, permettez au chat de rester sur la serviette ou l’alèse de sa caisse de transport. Un diffuseur électrique de phéromone faciale féline doit être branché dans chaque zone d’attente, chaque salle de consultation et chaque zone de la clinique où les chats peuvent rester. La sécurité est essentielle, et il faut faire en sorte que les chats ne puissent pas s’échapper par une porte ou une fenêtre ouverte, ou se retrouver coincés dans un endroit inaccessible. 

Quand des actes simples comme une coupe de griffes, une mesure de la pression artérielle, une prise de sang ou un prélèvement urinaire sont nécessaires, envisager de les réaliser dans la salle de consultation plutôt que de transférer le chat dans un autre endroit de la clinique. Il vaut mieux faire venir le personnel jusqu’au chat plutôt que de déplacer le chat dans une nouvelle pièce à laquelle il devra encore s’acclimater. Si le propriétaire ne souhaite pas assister à l’acte médical, envisager de le faire patienter à l’accueil pendant ce temps.

 
Une salle de consultation adaptée aux chats doit contenir des documents d’information sur les chats.

Figure 3. Une salle de consultation adaptée aux chats doit contenir des documents d’information sur les chats, avec tout l’équipement de médecine féline à portée de main. © Susan Little

Susan Little

Tous les vétérinaires qui s’occupent de chats peuvent tirer profit d’une bonne compréhension de leur nature unique, et de leurs réponses physiologiques et comportementales au stress.

Susan Little

Manipulation des chats 

La manipulation respectueuse du chat est un élément crucial des bonnes pratiques félines 6. Les propriétaires auront plus de chances de revenir régulièrement en consultation s’ils ont le sentiment que le vétérinaire et le personnel de la clinique savent s’y prendre avec les chats et les manipulent avec soin. En outre, beaucoup de membres d’équipes vétérinaires n’aiment pas travailler avec les chats s’ils ne disposent pas des compétences et équipements nécessaires. Ils ont peur de se faire griffer et de contracter des zoonoses, et redoutent les complications et le manque d’efficacité qu’ils peuvent expérimenter avec un chat difficile. Dans le pire des cas, il peut se révéler très difficile voire impossible de réaliser un examen clinique complet, de prélever des échantillons de laboratoire ou d’effectuer des examens diagnostiques tels que des radiographies. La peur et le stress peuvent également avoir un impact sur les résultats des examens diagnostiques (Tableau 1).


Tableau 1. Effets du stress et de la peur sur les résultats des examens diagnostiques chez le chat.
Hyperglycémie de stress
Hypertension (effet « blouse blanche »)
Lymphocytose et neutrophilie
Augmentation du pH urinaire
Hypokaliémie

 

Le temps où les chats apeurés, sur la défensive, devaient systématiquement être manipulés avec de gros gants ou saisis par la peau du cou est bien révolu. La clé d’une manipulation efficace est la compréhension du comportement félin. La majorité des comportements indésirables exprimés par les chats dans les cliniques vétérinaires sont induits par la peur ou la douleur. La confrontation physique est le dernier recours de la plupart des chats, qui s’efforcent d’abord d’adopter des stratégies d’évitement et de fuite. Plus le chat aura un sentiment de contrôle pendant la visite, moins la manipulation aura besoin d’être musclée et agressive, et plus l’approche sera souple, et meilleur sera le résultat. Beaucoup de chats anxieux peuvent être correctement examinés, simplement en leur couvrant la tête avec une serviette, car le fait de limiter les stimuli visuels inhabituels permet de réduire la peur. Il faut aborder les chats calmement et leur parler doucement. Évitez le contact visuel direct, car le chat interprète le fait d’être regardé dans les yeux comme une confrontation. La contention minimale est la meilleure manière de faire pour manipuler un chat. La littérature décrit différentes techniques pour immobiliser le chat avec des serviettes, mais il faut toujours commencer avec la technique la moins invasive, et ne passer à des techniques plus stressantes que si cela se révèle nécessaire. Renforcez les comportements positifs du chat à l’aide de jouets ou de friandises (Figure 4) – avec l’autorisation préalable du propriétaire – et ignorez les comportements négatifs plutôt que d’essayer de les corriger. 

Notez systématiquement dans le dossier médical de l’animal la technique de manipulation qui s’est révélée la plus efficace, et quelles sont les approches à éviter. Pour les chats anxieux ou craintifs pendant les visites, il peut être intéressant de fixer des rendez-vous plus longs pour éviter d’avoir à se presser pendant la consultation. Si rien ne fonctionne, il faudra envisager une sédation plutôt que d’en venir à une manipulation musclée qui risque d’être dommageable à tous. 

 
Proposer des friandises ou des jouets aux chats peut aider à réduire leur stress.

Figure 4. Proposer des friandises ou des jouets aux chats peut aider à réduire leur stress dans la salle de consultation. © Susan Little

Considérations liées au propriétaire 

Les chats ne sont pas les seuls à ressentir de l’anxiété pendant une visite à la clinique vétérinaire. Le propriétaire qui accompagne son chat dans la salle de consultation ressent souvent une certaine appréhension qui peut retentir sur son comportement. Les conseils suivants aideront à réduire l’anxiété en salle de consultation : 

Demandez aux propriétaires d’éviter les comportements qui, bien que destinés à réconforter le chat, peuvent en réalité augmenter son anxiété. Ils doivent, par exemple, éviter de serrer le chat dans leurs bras, de lui parler ou de le regarder en face, et de le déranger ou d’envahir son espace personnel. Les sons destinés à calmer ou à apaiser l’animal (de type « shhhh ») peuvent mimer le feulement d’un autre chat. 
Les corrections physiques de type tape sur la tête et les remontrances vocales peuvent faire peur au chat et induire une réaction de défense ou de fuite. Les propriétaires et le personnel vétérinaire doivent se rappeler que, même si les chats sont devenus des membres de la famille, ils ne sont pas des êtres humains et ne comprennent pas nos efforts pour les discipliner. 
Il est souvent utile de demander au propriétaire de ne pas manipuler ou sortir le chat de sa caisse avant que tout soit prêt pour la consultation et que l’équipe vétérinaire l’y invite. 

Une fois la visite terminée, un membre de la clinique peut venir procéder au paiement en salle de consultation, ou alors le chat peut rester dans sa caisse en salle de consultation pendant que le propriétaire va effectuer le paiement à l’accueil. 

Hospitalisation des chats

Les moyens sont nombreux pour améliorer le vécu des chats pendant leur hospitalisation, que ce soit pour une intervention de convenance ou pour effectuer des examens diagnostiques et traiter une maladie (Figure 5) 7. Les cages pour les chats doivent si possible être situées dans une pièce à l’écart des chiens. En outre, les cages doivent être agencées de sorte que les chats ne puissent pas se voir les uns les autres. Les matériaux qui les composent doivent aider à réduire les bruits et à maintenir la chaleur, et il est possible d’y installer une alèse ou une couverture venant du domicile du chat. Il est possible d’y inclure des cachettes avec des boîtes fabriquées dans un matériau lavable ou jetable de type carton. Si la cage est assez grande, il est possible d’y installer la caisse de transport du chat, dont la porte sera ouverte ou retirée, sachant que les ouvertures de la caisse ne doivent pas être dirigées vers l’avant de la cage pour respecter l’intimité du chat. La cage doit offrir assez d’espace pour que les gamelles d’eau et de nourriture soient aussi éloignées que possible du bac à litière. Une phéromone faciale féline peut être pulvérisée sur la serviette ou l’alèse 15 minutes avant de mettre le chat dans la cage, pour stimuler l’appétit et les comportements normaux de l’animal 8

Les chats ayant historiquement évolué en milieux désertiques, il est souhaitable d’avoir des températures ambiantes légèrement au-dessus de la zone de confort de l’Homme, et cela peut se faire en tapissant le plancher de la cage avec des matériaux isolants et enveloppants. Beaucoup de chats hospitalisés ne mangent pas bien à cause du stress. Le fait d’améliorer l’environnement de la cage, avec des cachettes notamment, peut stimuler la consommation alimentaire, mais il est essentiel de détecter et de traiter toute nausée ou douleur. En outre, il est préférable de demander au propriétaire d’apporter la nourriture habituelle du chat plutôt que d’introduire un nouvel aliment pendant l’hospitalisation. 

 
Faire en sorte que le chat soit à l’aise lors des actes médicaux fait partie intégrante d’une manipulation respectueuse.

Figure 5. Faire en sorte que le chat soit à l’aise lors des actes médicaux, comme l’administration d’une fluidothérapie sous-cutanée, fait partie intégrante d’une manipulation respectueuse. © Susan Little

Autres considérations

De nombreux outils sont disponibles pour aider les vétérinaires à repenser leur pratique en fonction des chats. Les programmes de l’International Cat Care (www.icatcare.org) et de l’American Association of Feline Practitioners (www.catvets.com) sont accessibles dans de nombreux pays pour aider les cliniques à augmenter leurs consultations félines et à améliorer le niveau des soins apportés aux chats. En participant à ces programmes, les cliniques ont l’opportunité d’obtenir le label « Cat Friendly Practice » ou « Cat Friendly Clinic ». Ces programmes offrent également de nombreux outils pour la formation du personnel, la formation vétérinaire continue, et l’implication sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter et Pinterest, par exemple). Les propriétaires de chats s’intéressent à ces sites internet, qui permettent aux cliniques de partager leurs connaissances en matière de médecine féline et de faire connaître leur engagement à améliorer l’expérience vétérinaire du chat et de son propriétaire. 


Le summum des soins vétérinaires félins 

Le summum de l’adaptation aux chats des soins vétérinaires est la clinique exclusivement féline. Des centaines de cliniques félines ont été créées en Amérique du Nord, et cette idée séduit de plus en plus en Europe et en Asie. Il y a de nombreux avantages à ce type de clinique, comme le fait d’avoir un personnel intéressé spécifiquement par les soins des chats et formé à leur manipulation. Les chats étant plus petits que la plupart des chiens, les cliniques félines sont souvent plus petites que les cliniques vétérinaires traditionnelles, ce qui peut être intéressant dans les zones où l’immobilier est cher. 

Une plus petite gamme d’équipement est nécessaire, ainsi qu’un plus petit stock de médicaments et autres produits vétérinaires. Parallèlement, les cliniques félines peuvent souvent offrir des soins plus spécialisés, car leur budget est centré sur une seule espèce. 

Une autre option d’adaptation aux chats des soins vétérinaires consiste à proposer des services à domicile. Un vétérinaire et une ASV (ou un autre membre formé du personnel de la clinique) peuvent prodiguer la plupart des soins préventifs à domicile. Certains soins médicaux simples peuvent également être prodigués, et si nécessaire des prélèvements de sang et d’urine sont souvent réalisables, et les services d’euthanasie à domicile sont évidemment très appréciés des propriétaires. Les visites à domicile offrent de nombreux avantages à la fois pour le propriétaire et le chat, comme le fait de ne pas avoir à quitter leur environnement habituel et celui d’éviter le stress du trajet jusqu’à la clinique. Certains propriétaires ont des problèmes de mobilité ou de transport, ou peuvent simplement manquer de temps pour programmer une visite à la clinique, surtout si celle-ci implique un long trajet dans un trafic dense. Il y a également des avantages pour le vétérinaire : les visites à domicile (quand elles sont bien menées) peuvent se faire de manière détendue en ayant plus de temps pour l’anamnèse et l’examen clinique. Cela permet aussi d’observer l’environnement habituel de l’animal, ce qui est particulièrement important en cas de problèmes de comportement et de malpropreté. Mais les visites à domicile ont des inconvénients, notamment quand les chats sont malades, car il peut quand même falloir les transporter jusqu’à la clinique pour des examens diagnostiques et des traitements spécifiques. 

Quel que soit le type de clinique, tous les vétérinaires qui s’occupent des chats sont des vétérinaires félins. En suivant le conseil du célèbre Dr vétérinaire félin Barbara Stein, qui a toujours souligné que « les chats ne sont pas des petits chiens », et en tirant profit des nombreux outils existants, tous les cliniciens peuvent prendre des mesures pour améliorer la qualité des soins apportés aux chats et renforcer de manière positive cette expérience à la fois pour le chat, le propriétaire et le personnel vétérinaire.

 

References

  1. Graham JEB. An outline of feline medicine. Can Vet J 1961;2:257-260, 282-287.

  2. AVMA. US pet ownership and demographic sourcebook. Schaumburg, Ill: AVMA, 2012.

  3. Canada’s Pet Wellness Report, CVMA & Hill’s Pet Nutrition, 2011. Available at: https://www.canadianveterinarians.net/documents/canada-s-pet-wellness- report2011. Accessed 29th Feb 2016.

  4. Lue TW, Pantenburg DP, Crawford PM. Impact of the owner-pet and client-veterinarian bond on the care that pets receive. J Am Vet Med Assoc 2008;232:531-540.

  5. Volk JO, Felsted KE, Thomas JG, et al. Executive summary of the Bayer veterinary care usage study. J Am Vet Med Assoc 2011;238(10):1275-1282.

  6. Rodan I, Sundahl E, Carney H, et al. AAFP and ISFM Feline-Friendly Handling Guidelines. J Feline Med Surg 2011;13:364-375. Available at: http://www. catvets.com/guidelines/practice-guidelines. Accessed 29th Feb 2016.

  7. Carney HC, Little S, Brownlee-Tomasso D, et al. AAFP and ISFM Feline-Friendly Nursing Care Guidelines. J Feline Med Surg 2012;14:337-349. Available at: http://www.catvets.com/guidelines/practice-guidelines. Accessed 29th Feb 2016.

  8. Griffith CA, Steigerwald ES, Buffington CAT. Effects of a synthetic facial pheromone on behavior of cats. J Am Vet Med Assoc 2000;217(8):1154-1156.

Susan Little

Susan Little

Susan Little, Bytown Cat Hospital, Ottawa, Canada En savoir plus

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