Magazine scientifiques et médicaux internationaux pour les professionels de la santé animale
Veterinary Focus

Numéro du magazine 28.1 Autre scientifique

Régimes d’éviction : les clés de la réussite

Publié 17/09/2020

Ecrit par Vandre Clear

Aussi disponible en Deutsch , Italiano , Polski , Português , Español , English et ภาษาไทย

Pour beaucoup de vétérinaires, les principales difficultés rencontrées avec les régimes d’éviction incluent leur observance par le client, la praticité ainsi que l’interprétation des résultats. Vandre Clear propose ici quelques conseils pour améliorer la valeur diagnostique, la facilité de mise en œuvre et la réussite de ces régimes.

Régimes d’éviction : les clés de la réussite

Communiquer avec le client

Figure 1. © Shutterstock
Figure 1. © Shutterstock

Expliquez-lui qu’un animal peut développer une hypersensibilité à n’importe quelle protéine qu’il a déjà consommée, qu’elle soit animale ou végétale. Beaucoup de propriétaires pensent que leur animal ne peut pas être allergique à son aliment habituel puisqu’il le consomme depuis toujours. Quand vous mettez en place un régime d’éviction, vous devez éliminer tous les ingrédients auxquels l’animal a déjà été exposé (Figure 1). L’exposition à des quantités même minimes d’une substance antigénique peut déclencher une poussée allergique ou entretenir les symptômes.

Luttez contre l’idée reçue selon laquelle les céréales provoquent des allergies. Leur potentiel allergisant n’est pas supérieur à celui des protéines animales.

Expliquez que les céréales et autres protéines végétales sont incorporées dans les aliments pour animaux afin de fournir des protéines hautement digestibles, et non pour faire du remplissage. Bien que de nombreux fabricants d’aliments pour animaux utilisent aujourd’hui des pois ou des pommes de terre comme protéines végétales, les animaux peuvent aussi développer des réactions indésirables à ces protéines.

Préparez vos clients à la rigueur, aux dépenses et aux pièges qu’implique un régime d’éviction réalisé dans les règles, ainsi qu’à ses bénéfices.

Éviter les pièges

Dans la mesure du possible, tous les animaux de la même espèce vivant sous le même toit doivent être nourris avec l’aliment choisi pour le régime d’éviction. Cela permet de réduire les contaminations croisées et les expositions accidentelles ou inaperçues dues au partage des gamelles d’eau et de nourriture. En outre, tout accès aux aliments des autres animaux, léchage de plats laissés sur les tables ou plans de travail... risquent de compromettre la réussite du régime d’éviction.

 
Figure 2. © Shutterstock
Figure 2. © Shutterstock

La majorité des propriétaires sont découragés à l’idée de devoir supprimer toutes les friandises et jouets à mâcher aromatisés. Veillez à fournir des friandises ou aliments en boîtes compatibles avec le régime que vous choisissez. Proposez des jouets à mâcher non aromatisés et ne contenant pas de protéines animales ou végétales (Figure 2).

Assurez-vous d’avoir une connaissance de base solide de la nutrition animale et des ingrédients. Plus vous pourrez donner d’explications à votre client sur la nutrition des animaux, plus vous aurez de chances qu’il respecte le régime prescrit. Pour que le régime d’éviction réussisse, il est indispensable que les propriétaires comprennent pourquoi vous le mettez en place et pourquoi vous fixez certaines règles et directives précises.

Durée du régime d’éviction

La durée d’un régime d’éviction est de 8 semaines et va idéalement jusqu’à 12 semaines 1. Dans la plupart des cas, l’amélioration (réduction du prurit et possibilité de diminuer ou de supprimer les médicaments nécessaires à son contrôle) s’observe dans un délai de 6-8 semaines, mais la disparition complète des signes cliniques peut prendre 10-12 semaines.

 
Figure 3. © Shutterstock
Figure 3. © Shutterstock

Des traitements symptomatiques complémentaires sont souvent nécessaires au début du régime d’éviction (Figure 3). Pendant la poursuite du régime, essayez régulièrement de réduire ou d’arrêter ces médicaments pour évaluer les résultats obtenus avec le régime seul. Si l’amélioration est minimale ou inexistante avec le régime seul, ou si des médicaments symptomatiques sont encore nécessaires après 8 semaines, explorez les autres causes de prurit. S’il existe une autre maladie allergique qui n’a pas été diagnostiquée ou contrôlée, les symptômes peuvent persister, faisant ainsi croire à un échec du régime d’éviction.

Chez les animaux souffrant d’une hypersensibilité alimentaire à traduction digestive concomitante, les signes cliniques digestifs peuvent rétrocéder dès 4-6 semaines.

Bonnes et mauvaises pratiques

Passez à des traitements préventifs topiques ou non aromatisés pendant toute la durée du régime d’éviction. Les protéines contenues dans les arômes peuvent suffire à déclencher des poussées allergiques.

 
Figure 4. © Shutterstock
Figure 4. © Shutterstock

N’utilisez PAS d’aliments de supermarché pour les régimes d’éviction ! (Figure 4)

Si vous savez ou soupçonnez que l’animal souffre également d’allergies environnementales, ne démarrez PAS le régime d’éviction pendant la saison où les symptômes sont exacerbés.

Assurez-vous, avant le début du régime d’éviction, que le propriétaire vous a bien fourni l’historique alimentaire complet de l’animal, incluant tous les types de friandises, médicaments, traitements préventifs et bouchées de table que l’animal consomme ou a déjà consommés. Si d’autres espèces animales vivent sous le même toit, interrogez le propriétaire concernant l’accès de l’animal aux aliments des autres animaux. Tous les animaux ne répondent pas au même type de régime. À l’époque actuelle, en raison de la diversité des aliments spécialisés pour animaux, il devient de plus en plus difficile de trouver une source de protéine originale, c’est-à-dire à laquelle l’animal n’a jamais été exposé.

Bien que les aliments hydrolysés, les aliments à base de protéines originales et les rations ménagères contenant une nouvelle source de protéines soient le plus souvent efficaces, il arrive parfois qu’un animal allergique réagisse à ces régimes. Si un type de régime ne semble pas efficace, essayez-en un autre et demandez également au client s’il n’y a pas eu de risques d’exposition ou de défauts d’observance.

Bibliographie

  1. Olivry T, Mueller R, Prélaud P. Critically appraised topic on adverse food reactions of companion animals (1): duration of elimination diets. BMC Vet Res 2015;11:225.
Vandre Clear

Vandre Clear

Le Dr Clear est diplômée de l‘Université de l‘État de l‘Ohio en 2009. Elle effectue ensuite un internat de spécialisation en Médecine Interne et Soins Intensifs En savoir plus

Autres articles de ce numéro

Numéro du magazine 28.1 Publié 01/10/2020

Vasculopathies cutanées

Le système vasculaire de la peau joue un rôle essentiel...

par Elizabeth Goodale

Numéro du magazine 28.1 Publié 03/09/2020

Manifestations cutanées des maladies systémiques

Les maladies communes se rencontrent fréquemment, mais n’oublions pas que les maladies rares existent aussi...

par Patricia D. White

Numéro du magazine 28.1 Publié 27/08/2020

Caractéristiques dermatologiques de la leishmaniose canine

Des formes cutanées et viscérales de leishmaniose peuvent s’observer dans les régions du monde où l’insecte vecteur est endémique...

par Xavier Roura et Laura Ordeix