Hypercalcémie humorale maligne (HHM)
L’hypercalcémie humorale maligne peut reposer sur la sécrétion maligne de peptides liés à l’hormone parathyroïdienne (PTHrp), dont la structure est similaire à celle de la PTH 17, ainsi que de cytokines telles que l’IL-1, l’IL-6 ou le facteur de nécrose tumorale 15. Ces facteurs humoraux entraînent une résorption ostéoclastique généralisée et diffuse, sans lésion osseuse visible à la radiographie. La PTHrp étant une protéine sécrétée, toutes les cellules sécrétoires de l’organisme qui subissent une transformation maligne peuvent potentiellement libérer des quantités excessives de cette hormone.
Un lymphome (ou lymphosarcome : LSA), et en particulier un lymphome médiastinal, est la cause la plus fréquente d’hypercalcémie. Il existe cependant d’autres tumeurs responsables d’hypercalcémie chez le chien et le chat : adénocarcinome des glandes apocrines des sacs anaux (AGASA), carcinome thyroïdien, myélome multiple, tumeurs osseuses diffuses, thymome, carcinome épidermoïde, carcinome et adénocarcinome de la glande mammaire, mélanome, tumeur pulmonaire primitive, leucémie lymphocytaire chronique, angiomyxome rénal, tumeurs des glandes parathyroïdes… En règle générale, une hypercalcémie est présente chez 10 à 35 % des chiens atteints de LSA, plus de 25 % des chiens atteints d’AGASA et environ 20 % des chiens atteints de myélome multiple.
Signes cliniques
Compte tenu du large éventail de fonctions physiologiques remplies par les ions calcium, l’hypercalcémie et l’hypocalcémie ont toutes deux des effets multisystémiques 10,11. L’augmentation de la concentration de calcium sérique inhibe les fonctions cellulaires en modifiant la perméabilité des membranes ainsi que l’activité des pompes incluses dans les membranes cellulaires. Une augmentation de l’iCa intracellulaire peut perturber le fonctionnement cellulaire et réduire la production d’énergie, ce qui entraîne parfois la mort cellulaire et une minéralisation dystrophique ou métastatique. Bien que l’hypercalcémie affecte de nombreux organes, les effets sur le système nerveux central, le tractus gastro-intestinal, le cœur et les reins sont cliniquement les plus importants. Quelle que soit la cause de l’hypercalcémie, l’altération de la fonction rénale est une conséquence clinique importante de l’hypercalcémie, en particulier lors de développement d’une maladie cancéreuse 18. Les signes cliniques associés à l’hypercalcémie peuvent être non spécifiques, insidieux et de gravité variable, mais les plus courants sont les suivants : polyurie primaire avec polydipsie compensatoire (PUPD), anorexie, léthargie, faiblesse, vomissements, dépression, contractions musculaires, arythmies cardiaques et convulsions 9. Les signes les plus fréquents chez le chat sont plus souvent d’ordre gastro-intestinal (anorexie et vomissements) 19.
Approche diagnostique du chien hypercalcémique
La mesure de l’iCa est plus précise que celle du calcium total chez les animaux. Il est intéressant de noter que l’ampleur de l’élévation de la concentration en calcium tend à être plus importante lorsque l’hypercalcémie est d’origine maligne que lorsqu’elle est due à une autre cause 12,13. En cas de suspicion d’hypercalcémie, la première étape clinique consiste à faire une anamnèse et un examen clinique approfondi, incluant une évaluation minutieuse des ganglions lymphatiques périphériques et une palpation rectale (pour rechercher la présence d’AGASA) (Figures 6-8). Sur la base de ces résultats, des examens complémentaires (notamment une numération-formule, un bilan biochimique, une analyse d’urine, des radiographies thoraciques et une échographie abdominale) pourront être réalisés pour obtenir des résultats susceptibles de confirmer la suspicion clinique. Ces examens peuvent aussi mettre en évidence des affections qui n’avaient pas été repérées lors de l’examen clinique.