Épidémiologie
La propagation d’A. abstrusus est favorisée par un environnement humide et la proximité de l’eau 9Carruth AJ, Buch JS, Braff JC, et al. Distribution of the feline lungworm Aelurostrongylus abstrusus in the USA based on fecal testing. J. Feline Med. Surgery Open Rep. 2019;5(2):2055116919869053.
car les larves L1 survivent jusqu’à 5 mois en milieu humide 8Schnyder M, Rehbein S, Deplazes P. Parasitosen. In: Lutz H, Kohn B, Forterre F (eds). Krankheiten der Katze. Stuttgart, Georg Thieme Velag KG. 2019;439-475.
. Pendant l’hiver, les larves L3 peuvent rester chez des escargots terrestres qui hibernent (Helix aspersa) pendant au moins 120 jours, ce qui augmente considérablement la probabilité d’infestation des hôtes paraténiques 6Pennisi MG, Hartmann K, Addie DD, et al. Lungworm disease in cats. ABCD guidelines on prevention and management. J. Feline Med. Surg. 2015;17:626-636.
; elles peuvent aussi survivre dans des escargots morts pendant environ 3 semaines 8Schnyder M, Rehbein S, Deplazes P. Parasitosen. In: Lutz H, Kohn B, Forterre F (eds). Krankheiten der Katze. Stuttgart, Georg Thieme Velag KG. 2019;439-475.
. Des larves L3 ont été trouvées dans le mucus libéré par des escargots infestés et dans l’eau contenant des mollusques infestés morts 10Giannelli A, Colella V, Abramo F, et al. Release of lungworm larvae from snails in the environment: potential for alternative transmission pathways. PLoS Negl. Trop. Dis. 2015;9;e0003722.
. Chez les hôtes paraténiques, les larves L3 sont viables et capables d’infester un chat pendant au moins 12 semaines 8Schnyder M, Rehbein S, Deplazes P. Parasitosen. In: Lutz H, Kohn B, Forterre F (eds). Krankheiten der Katze. Stuttgart, Georg Thieme Velag KG. 2019;439-475.
.
Le mode de vie du chat influence considérablement le risque d’infestation : les animaux qui sortent sont plus susceptibles d’ingérer A. abstrusus et sa prévalence peut atteindre 50 % chez les chats vivant en liberté 1Elsheikha HM, Schnyder M, Traversa D, et al. Updates on feline aelurostrongylosis and research priorities for the next decade. Parasit. Vectors 2016;9:389.
,6Pennisi MG, Hartmann K, Addie DD, et al. Lungworm disease in cats. ABCD guidelines on prevention and management. J. Feline Med. Surg. 2015;17:626-636.
. L’âge n’est pas encore un facteur de risque confirmé d’aélurostrongylose mais des études à grande échelle menées dans 12 pays européens ont montré que les infestations étaient le plus souvent diagnostiquées chez des chats âgés de 6 mois à 2 ans 4Giannelli A, Capelli G, Joachim A, et al. Lungworms and gastrointestinal parasites of domestic cats: a European perspective. Int. J. Parasitol. 2017;47:517-528.
. Des recherches approfondies menées aux États-Unis ont également suggéré que l’âge est un facteur de risque important ; une étude a montré que 5,15 % des chats âgés de 1 à 12 mois et 0,65 % des chats de plus de 12 mois étaient positifs pour A. abstrusus 9Carruth AJ, Buch JS, Braff JC, et al. Distribution of the feline lungworm Aelurostrongylus abstrusus in the USA based on fecal testing. J. Feline Med. Surgery Open Rep. 2019;5(2):2055116919869053.
. D’autres études indiquent cependant que ce ver pulmonaire est plus fréquent chez les chats adultes qui sont les meilleurs chasseurs et qui ont donc plus de chances d’ingérer des larves dans les tissus des hôtes paraténiques 1Elsheikha HM, Schnyder M, Traversa D, et al. Updates on feline aelurostrongylosis and research priorities for the next decade. Parasit. Vectors 2016;9:389.
.
Symptômes et signes cliniques
A. abstrusus provoque généralement des symptômes légers et un chat infesté peut être asymptomatique ou, si l’infection est sévère, développer des signes de bronchite et de pneumonie1Elsheikha HM, Schnyder M, Traversa D, et al. Updates on feline aelurostrongylosis and research priorities for the next decade. Parasit. Vectors 2016;9:389.
,6Pennisi MG, Hartmann K, Addie DD, et al. Lungworm disease in cats. ABCD guidelines on prevention and management. J. Feline Med. Surg. 2015;17:626-636.
,8Schnyder M, Rehbein S, Deplazes P. Parasitosen. In: Lutz H, Kohn B, Forterre F (eds). Krankheiten der Katze. Stuttgart, Georg Thieme Velag KG. 2019;439-475.
. Les parasites adultes et l’éclosion des larves L1 provoquent des dommages dans le parenchyme pulmonaire. Les signes cliniques les plus fréquents sont une toux, de légère à intense, des éternuements, une respiration sifflante, une dyspnée, une tachypnée, une respiration abdominale bouche ouverte et un écoulement nasal mucopurulent. L’apathie, la léthargie et la perte de poids sont également décrites 1Elsheikha HM, Schnyder M, Traversa D, et al. Updates on feline aelurostrongylosis and research priorities for the next decade. Parasit. Vectors 2016;9:389.
,8Schnyder M, Rehbein S, Deplazes P. Parasitosen. In: Lutz H, Kohn B, Forterre F (eds). Krankheiten der Katze. Stuttgart, Georg Thieme Velag KG. 2019;439-475.
,11Traversa D, Di Cesare A. Diagnosis and management of lungworm infections in cats: cornerstones, dilemmas and new avenues. J. Feline Med. Surg. 2016;18;7-20.
. Les décès sont rares mais peuvent survenir dans les cas graves, en particulier chez les chats jeunes, affaiblis ou immunodéprimés 1Elsheikha HM, Schnyder M, Traversa D, et al. Updates on feline aelurostrongylosis and research priorities for the next decade. Parasit. Vectors 2016;9:389.
.
Diagnostic
Le diagnostic de l’aélurostrongylose repose sur la détection des larves L1 dans les fèces (Figure 3). La méthode de Baermann est considérée comme la référence car elle est beaucoup plus sensible que la technique classique de flottation 2Morelli S, Diakou A, Colombo M, et al. Cat respiratory nematodes: current knowledge, novel data and warranted studies on clinical features, treatment and control. Pathogens 2021;10:454.
,6Pennisi MG, Hartmann K, Addie DD, et al. Lungworm disease in cats. ABCD guidelines on prevention and management. J. Feline Med. Surg. 2015;17:626-636.
,9Carruth AJ, Buch JS, Braff JC, et al. Distribution of the feline lungworm Aelurostrongylus abstrusus in the USA based on fecal testing. J. Feline Med. Surgery Open Rep. 2019;5(2):2055116919869053.
,11Traversa D, Di Cesare A. Diagnosis and management of lungworm infections in cats: cornerstones, dilemmas and new avenues. J. Feline Med. Surg. 2016;18;7-20.
. Elle fournit également des informations quantitatives sur le niveau d’infestation larvaire, qui est corrélé avec la gravité de la maladie. Il n’est en revanche pas possible de diagnostiquer l’infestation au stade prépatent et, comme l’excrétion larvaire est intermittente, le test doit être fait trois fois pour exclure les résultats faussement négatifs. L’une des principales limites du test de Baermann est qu’il faut 12 à 24 heures pour le réaliser et que l’échantillon fécal doit être frais (ou réfrigéré pendant quelques jours au maximum) pour obtenir des larves mobiles 2Morelli S, Diakou A, Colombo M, et al. Cat respiratory nematodes: current knowledge, novel data and warranted studies on clinical features, treatment and control. Pathogens 2021;10:454.
. La méthode de flottation est moins sensible 9Carruth AJ, Buch JS, Braff JC, et al. Distribution of the feline lungworm Aelurostrongylus abstrusus in the USA based on fecal testing. J. Feline Med. Surgery Open Rep. 2019;5(2):2055116919869053.
et de plus, les larves peuvent s’abîmer dans des solutions saturées 2Morelli S, Diakou A, Colombo M, et al. Cat respiratory nematodes: current knowledge, novel data and warranted studies on clinical features, treatment and control. Pathogens 2021;10:454.
,6Pennisi MG, Hartmann K, Addie DD, et al. Lungworm disease in cats. ABCD guidelines on prevention and management. J. Feline Med. Surg. 2015;17:626-636.
. La méthode Flotac, récemment développée, est une autre option qui permet d’identifier les larves dans des échantillons fécaux fixés ou congelés 1Elsheikha HM, Schnyder M, Traversa D, et al. Updates on feline aelurostrongylosis and research priorities for the next decade. Parasit. Vectors 2016;9:389.
,6Pennisi MG, Hartmann K, Addie DD, et al. Lungworm disease in cats. ABCD guidelines on prevention and management. J. Feline Med. Surg. 2015;17:626-636.
. Les larves peuvent également être identifiées à partir de lavages trachéaux mais la bronchoscopie et le lavage broncho-alvéolaire sont des techniques invasives, surtout chez les chats présentant des signes cliniques respiratoires ; elles ne s’appliquent donc pas à la détection des vers pulmonaires 2Morelli S, Diakou A, Colombo M, et al. Cat respiratory nematodes: current knowledge, novel data and warranted studies on clinical features, treatment and control. Pathogens 2021;10:454.
. L’identification des larves d’A. abstrusus demande de l’expérience ; la longueur des larves ne suffit pas pour les identifier et les différencier de T. brevior. Une caractérisation morphologique et morphométrique complète est donc nécessaire, accompagnée si possible d’une confirmation moléculaire 2Morelli S, Diakou A, Colombo M, et al. Cat respiratory nematodes: current knowledge, novel data and warranted studies on clinical features, treatment and control. Pathogens 2021;10:454.
,3Traversa D, Morelli S, Di Cesare A, et al. Felid cardiopulmonary nematodes: dilemmas solved and new questions posed. Pathogens 2021;10:30.
. La longueur moyenne de L1 est estimée à 300-400 μm mais la fourchette va de 210 à 495 μm, ce qui correspond aux valeurs pour T. brevior (203-521 μm) 2Morelli S, Diakou A, Colombo M, et al. Cat respiratory nematodes: current knowledge, novel data and warranted studies on clinical features, treatment and control. Pathogens 2021;10:454.
,3Traversa D, Morelli S, Di Cesare A, et al. Felid cardiopulmonary nematodes: dilemmas solved and new questions posed. Pathogens 2021;10:30.
,4Giannelli A, Capelli G, Joachim A, et al. Lungworms and gastrointestinal parasites of domestic cats: a European perspective. Int. J. Parasitol. 2017;47:517-528.
. La morphologie d’A. abstrusus L1 se caractérise par la section caudale : la queue est en forme de S plié avec des incisures dorsales et ventrales, et une projection terminale en forme de bouton 2Morelli S, Diakou A, Colombo M, et al. Cat respiratory nematodes: current knowledge, novel data and warranted studies on clinical features, treatment and control. Pathogens 2021;10:454.
,6Pennisi MG, Hartmann K, Addie DD, et al. Lungworm disease in cats. ABCD guidelines on prevention and management. J. Feline Med. Surg. 2015;17:626-636.
,12Wright I. Is feline lungworm infection underestimated in the UK? Improve Veterinary Practice 2019. www.veterinary-practice.com/article/is-feline-lungworm-infection-underestimated-in-the-uk Accessed 27th Feb 2022.
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Une autre méthode de diagnostic est le test génétique en utilisant, par exemple, la PCR 13Crisi PE, Di Cesare A, Boari A. Feline troglostrongylosis: current epizootiology, clinical features, and therapeutic options. Front. Vet. Sci. 2018;5:1-7.
. Des tests sérologiques ont été développés pour détecter les anticorps contre A. abstrusus mais des tests rapides à faire en clinique ne sont pas encore commercialisés 2Morelli S, Diakou A, Colombo M, et al. Cat respiratory nematodes: current knowledge, novel data and warranted studies on clinical features, treatment and control. Pathogens 2021;10:454.
,9Carruth AJ, Buch JS, Braff JC, et al. Distribution of the feline lungworm Aelurostrongylus abstrusus in the USA based on fecal testing. J. Feline Med. Surgery Open Rep. 2019;5(2):2055116919869053.
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L’imagerie (radiographie thoracique, tomodensitométrie) sera utilisée lors des investigations préliminaires en cas de suspicion d’inflammation pulmonaire ; elle peut montrer des lésions interstitielles et péribronchiques disséminées. Cependant, il reste nécessaire de confirmer l’étiologie parasitaire et il est conseillé d’identifier précisément le nématode pulmonaire en cause chez le chat 2Morelli S, Diakou A, Colombo M, et al. Cat respiratory nematodes: current knowledge, novel data and warranted studies on clinical features, treatment and control. Pathogens 2021;10:454.
,6Pennisi MG, Hartmann K, Addie DD, et al. Lungworm disease in cats. ABCD guidelines on prevention and management. J. Feline Med. Surg. 2015;17:626-636.
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