Traitement
Les options thérapeutiques envisageables pour contrôler une infestation par A. abstrusus sont résumées dans le Tableau 3. Les médicaments contenant de la moxidectine, de l’éprinomectine ou de l’émodepside sont autorisés dans de nombreux pays, avec des posologies variables selon les produits. Au moins un produit spot-on associant l’imidaclopride à 10 % et la moxidectine à 1 % est autorisé en Europe pour des formes adultes d’A. abstrusus chez le chat 2. Une étude récente a montré qu’une administration unique d’un produit topique, à raison de 2 mg/kg de moxidectine et 40 mg/kg de fluralaner, est totalement efficace pour prévenir l’aélurostrongylose pendant au moins 12 semaines chez les chats de 5 à 7 mois 14. Un autre rapport a confirmé que l’administration mensuelle d’un produit spot-on de moxidectine 1 % (1 mg/kg) + imidaclopride 10 % (10 mg/kg) était efficace pour prévenir les lésions pulmonaires et l’infestation patente par A. abstrusus ; pour traiter efficacement et complètement une infestation existante, trois applications à intervalles mensuels sont cependant nécessaires 15.
Tableau 3. Options thérapeutiques pour traiter et prévenir les nématodoses pulmonaires et cardiaques félines.
P : uniquement pour prévenir l’infection (traitement larvaire) ; + ? : efficacité basée sur une seule étude/aucune donnée sur l’efficacité
Note : ces médicaments ne sont pas tous autorisés dans tous les pays.
Seules des données préliminaires indiquent que l’oxime de milbémycine et la sélamectine sont efficaces contre A. abstrusus mais les deux molécules présentes dans des médicaments actuellement commercialisés pour les chats se sont révélées efficaces pour stopper l’excrétion des larves et permettre une guérison clinique après une seule administration 2. Le fenbendazole est approuvé dans certains pays pour traiter l’aélurostrongylose et il est efficace à la dose de 50 mg/kg par jour par voie orale, pendant au moins trois jours 2,12, ou de 20-50 mg/kg pendant 5-15 jours 8.
Troglostrongylus brevior
Une grande enquête récente réalisée en Europe a confirmé que T. brevior était la deuxième espèce de ver pulmonaire félin la plus fréquemment détectée : sur 210 chats affectés, 78,1 % étaient infectés par A. abstrusus et 19,5 % par T. brevior 4. La distribution géographique de T. brevior est limitée et il est peu fréquent chez le chat mais il est de plus en plus souvent diagnostiqué et son aire d’extension pourrait être plus large qu’on ne le pensait auparavant (Tableau 2) 4. Le risque de troglostrongylose féline a été reconnu depuis une dizaine d’années, des cas ayant été signalés chez des chats domestiques au sud de l’Europe où le parasite est endémique chez les chats sauvages, considérés comme les hôtes naturels du parasite 3. T. brevior a été trouvé chez des chats en zones méditerranéennes (Italie, Grèce, Albanie, Bulgarie et les principales îles de la Méditerranée) 3,4 mais il a également été signalé chez un chat polonais et chez des chats sauvages en Allemagne et en Roumanie 16. Les cas de troglostrongylose concernent principalement les chatons et les jeunes adultes chez qui, contrairement à l’aélurostrongylose, la maladie est souvent grave et parfois mortelle 2,3. Une étude italienne portant sur 575 chats domestiques a estimé l’infestation par T. brevior des chatons de moins de 6 mois à 18,2 %, versus 3,2 % chez des chats âgés de 6 à 24 mois ; aucune infection n’a été diagnostiquée chez les chats de plus de deux ans 17.
Cycle de vie et tableau clinique
Le cycle de vie de T. brevior est très similaire à celui d’A. abstrusus : il implique des mollusques terrestres comme hôtes intermédiaires, ainsi que des lézards, des oiseaux et des petits mammifères comme hôtes paraténiques. Une étude italienne récente a noté la présence de larves de T. brevior chez l’escargot terrestre Cornu aspersum, ainsi que chez les rats et les lézards 18. Chez le chat, le nématode siège dans les voies respiratoires supérieures (c’est-à-dire la trachée et les bronches) 2,13,17,19. Cette infestation parasitaire se caractérise par la possibilité de transmission verticale de la chatte à sa progéniture ; des T. brevior matures ont été trouvés chez deux chatons de 18 jours qui présentaient des signes cliniques respiratoires sévères, ce qui indique que les larves ont pu être transmises par le colostrum ou le lait de la mère 18. Une infection patente aussi précoce chez les chatons suggère que la transmission transplacentaire ne peut être exclue. Suite à l’infestation expérimentale de chatons de 5-6 mois avec des larves L3 provenant d’hôtes paraténiques, une période prépatente de 24 jours a été récemment identifiée 16.
Comme indiqué précédemment, les animaux les plus sensibles à l’infection par T. brevior sont les chats de moins d’un an ayant accès à l’extérieur 13,17. Les présentations cliniques incluent une bronchite avec un exsudat catarrhal important des voies respiratoires, des éternuements, une toux, une dyspnée, une tachypnée et un écoulement oculaire. D’autres signes non spécifiques, comme l’anorexie, l’hyperthermie ou l’hypothermie, la déshydratation, un mauvais état corporel, l’apathie et la léthargie, sont également rapportés 2,13,19. Chez les chats adultes, l’infestation peut être subclinique ou ne provoquer que des symptômes légers 2.