Petit guide sur… Les soins intensifs des chiots nouveau-nés
Les chiots sont moins bien développés à la naissance que beaucoup d’autres espèces...
Numéro du magazine 26.1 Gastro-intestinal
Publié 12/03/2021
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Les maladies gastro-intestinales sont l’un des problèmes le plus fréquemment rapportés dans l’espèce canine, les chiots étant plus à risque de diarrhée que les chiens adultes.
Les diarrhées de sevrage sont un phénomène complexe d’origine multifactorielle. Différentes causes infectieuses et non infectieuses peuvent simultanément, et en synergie, altérer la santé du tube digestif.
Le parvovirus canin de type 2 est l’un des principaux agents impliqués dans les diarrhées de sevrage. Bien qu’il puisse provoquer des signes systémiques sévères, il peut aussi n’engendrer qu’une modification de la qualité des selles sans retentir sur l’état général.
La prévention des diarrhées de sevrage passe par une prophylaxie médicale et par la mise en œuvre de protocoles de gestion d’élevage visant à préserver la santé.
Agents pathogènes | Age de la population étudiée | Nombre de chiots | Prévalence (%) |
Parvovirus canin de type 2 | Entre 5 et 8 semaines | 266 | 14,7 |
Coronavirus canin | Entre 5 et 8 semaines | 266 | 20,3 |
Toxocara canis | Entre 5 et 8 semaines Variable* < 3 mois |
266 143 2661 |
22,2 12 12 |
Cystoisospora ohioensis complex | Entre 5 et 8 semaines < 3 mois |
266 2661 |
25,6 15,6 |
Cystoisospora canis | Entre 5 et 8 semaines < 3 mois |
266 2661 |
13,2 11,8 |
Cystoisospora spp. | Variable* | 143 | 9 |
Giardia duodenalis | Entre 5 et 8 semaines Variable* < 3 mois |
266 143 2661 |
41 34 37,5 |
Cryptosporidium parvum | Entre 5 et 8 semaines | 266 | 25,9 |
* Chiots d’animalerie, donc d’âges différents
Deuxièmement, un même entéropathogène n’induit pas nécessairement les mêmes signes cliniques chez tous les chiots. La pathogénicité d’un agent infectieux et son impact clinique dépendent de l’âge et du statut immunitaire du chiot, ainsi que de la souche de l’entéropathogène 12 13. Par exemple, le parvovirus canin (CPV2) est classiquement décrit chez le chiot comme un agent de diarrhée entraînant des signes généraux sévères (vomissements, anorexie, prostration, déshydratation) et parfois même la mort. Chez certains chiots néanmoins, ce virus peut n’entraîner qu’une modification de la qualité des selles sans retentir sur l’état général de l’animal, ou même n’entraîner aucun signe clinique 5. De même, le coronavirus peut engendrer une variété de signes cliniques, et une nouvelle souche du virus récemment identifiée (coronavirus pantropique) semble provoquer une maladie clinique bien plus sévère, voire létale dans certains cas. La coccidiose peut aussi engendrer des problèmes intestinaux, mais de degrés variables. Cystoisospora ohioensis complex peut entraîner des troubles digestifs chez des animaux très jeunes (âgés de moins de 7 jours), mais n’affecte pas les chiots au sevrage, tandis que C. canis induit essentiellement des signes cliniques sur les chiots en période de sevrage et plus particulièrement après un stress (adoption du chiot, par exemple) 14.
Troisièmement, les pluri-infections et les interactions entre entéropathogènes sont fréquentes. Une étude réalisée sur 316 chiots a révélé que 75 % d’entre eux étaient pluri-infectés (Figure 2) 5. Certains de ces agents infectieux peuvent interagir et amplifier la sévérité des signes cliniques. Par exemple, le coronavirus aggrave les signes cliniques lors de co-infection avec le CPV2 15.
Enfin, de nouveaux entéropathogènes sont régulièrement identifiés. Récemment, différents virus et parasites digestifs ont été isolés chez le chien (astrovirus 16, norovirus 17 ou trichomonadidés 18 19, par exemple). Malgré leur forte prévalence chez le chiot (entre 5 et 23 % selon le pathogène et l’origine des animaux), leur implication dans les diarrhées de sevrage n’est pas clairement établie 16 18 20 et la majorité des études ayant recherché ces agents infectieux ne tiennent pas compte d’éventuelles co-infections.
Contrairement à certains troubles qui peuvent être appréhendés de manière simple (un agent = une maladie), les diarrhées de sevrage constituent un phénomène biologique complexe nécessitant une approche dite systémique. Les diarrhées de sevrage sont essentiellement influencées par une triade incluant :
Evaluation nutritionnelle
D’un point de vue nutritionnel, une anamnèse complète est nécessaire. Il est notamment important de questionner le propriétaire sur :
Evaluation des entéropathogènes
Il est également important de déterminer si l’animal excrète un ou plusieurs entéropathogènes et en quelle quantité. La couleur des selles de l’animal peut être un élément d’orientation des pathogènes responsables de la diarrhée. Par exemple, la giardiose provoque une atrophie partielle des villosités intestinales et une réduction de l’activité des disaccharidases, entraînant une diminution de la capacité d’absorption digestive et une stéatorrhée. Les selles peuvent prendre une coloration jaune (Figure 4) et de la coprophagie peut être observée (l’augmentation de la teneur en lipides des selles les rend plus appétentes). Des selles non moulées contenant du mucus et du sang orienteront davantage vers une coccidiose (Figure 5). Enfin, dans certains cas, il est possible de visualiser directement le parasite (Figure 6).
Ces différences d’aspect ne permettent cependant pas d’établir un diagnostic de certitude et des examens complémentaires sont nécessaires. Diverses options, incluant la coproscopie, les tests ELISA et PCR, sont utilisables en fonction des moyens du propriétaire, de l’expérience du vétérinaire et des suspicions cliniques. L’évaluation microscopique des selles est utile en cas de suspicion de parasitose, mais doit être réalisée à partir de selles fraîches et pas trop liquides (en particulier pour la recherche des protozoaires). En raison de l’élimination potentiellement intermittente de l’agent en cause, il est recommandé de répéter les examens sur 3 jours consécutifs car un seul examen négatif a peu de valeur. Si une portée ou un groupe de chiots est atteint(e), une coproscopie collective pourra être réalisée, limitant ainsi les risques de faux négatifs liés à la période prépatente et à l’excrétion parasitaire intermittente. Différents kits sont disponibles dans le commerce pour la recherche ciblée de parasites (Giardia spp., par exemple) et ils sont relativement peu coûteux, rapides et ne nécessitent pas de matériel spécifique. Cependant, ils ne permettent de rechercher qu’un seul agent infectieux à la fois, ce qui peut être limitant en cas de parasitoses multiples.
Le parvovirus (CPV2) devra toujours être suspecté lors de diarrhée de sevrage ou de mort subite chez le chiot, et il sera impératif de le rechercher quel que soit le statut vaccinal de l’animal. Les tests ELISA sont simples et rapides, et présentent une haute spécificité mais une sensibilité variable (18-82 % 24 25 26) qui est liée à la charge virale excrétée. Des résultats faussement négatifs sont fréquents en cas de faible excrétion virale, et un résultat négatif ne permettra donc pas d’exclure une parvovirose. Il existe également un risque de résultat faussement positif si le test est réalisé quelques jours après la vaccination, bien que le résultat soit généralement plus faiblement positif que chez un animal atteint de parvovirose. La PCR en temps réel présente une sensibilité et une spécificité supérieures et constitue la méthode de choix pour le diagnostic de la parvovirose, car elle permet de distinguer une excrétion post-vaccinale (charge virale faible à très faible) d’une infection clinique (charge virale en général élevée à très élevée).
La culture bactérienne fécale présente peu d’intérêt pour l’évaluation des diarrhées de sevrage. En effet, les bactéries décrites comme agents de diarrhée sont fréquemment isolées chez des individus cliniquement sains. Toutefois, si une bactérie pathogène spécifique est suspectée, une culture sera possible pour certains agents (tels que Salmonella spp., Campylobacter jejuni, Clostridium perfringens, et C. difficile).
Situation 1 : chiot avec diarrhée sans atteinte de l’état général
Situation 2 : chiot avec diarrhée de sevrage associée à d’autres signes cliniques
Dans cette situation, les mesures citées ci-dessus devront être mises en place, mais l’animal devra également être hospitalisé. Le risque de déshydratation et d’hypovolémie est considérable, et une fluidothérapie (préférentiellement IV) est essentielle. En cas de diarrhée profuse, l’animal peut également présenter une hypoglycémie secondaire à une profonde malnutrition, un hypermétabolisme, une fonction hépatique inadéquate et/ou un sepsis. Chez les patients sévèrement atteints, un premier bolus IV d’une solution cristalloïde isotonique pourra être administré, suivi d’une perfusion. Le calcul du volume à administrer devra tenir compte du déficit liquidien du chiot, de ses besoins d’entretien et des pertes engendrées par les diarrhées et vomissements persistants. L’hypokaliémie est un risque ; même si l’animal présente une kaliémie normale le jour de l’hospitalisation, celle-ci devra être réévaluée quelques heures après le début de la fluidothérapie et corrigée si nécessaire. Notons que les solutés riches en potassium ne doivent pas être administrés en bolus et que la vitesse de perfusion du potassium ne devra pas dépasser 0,5 mEq/kg/h 28.
Dans cette situation, il sera important non seulement de gérer la diarrhée de sevrage chez ce chiot (voir ci-dessus) mais aussi de mettre en place des programmes pour éviter que le problème ne se répète sur d’autres animaux. Cela nécessite à la fois des mesures médicales et sanitaires.
Le protocole vaccinal dépend en partie de la situation individuelle. Si plusieurs animaux sont logés ensemble, le protocole devra être réajusté au besoin si une parvovirose est mise en évidence. Des études ont montré que l’utilisation d’un vaccin parvovirus monovalent à l’âge de 4 semaines entraînait une séroconversion au-dessus du seuil de protection chez 80 % des chiots 29, et la vaccination précoce systématique des chiots pourrait donc permettre de réduire l’impact de ce virus dans les élevages.
Remerciement : L’auteur tient à remercier le Pr Sylvie Chastant-Maillard pour sa relecture constructive de cet article.
Aurélien Grellet
Aurélien Grellet, Recherche et développement, Royal Canin, Aimargues, France En savoir plus
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