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Méthodes de diagnostic des réactions indésirables aux aliments chez le chien

Publié 06/09/2024

Ecrit par Marconi Rodrigues de Farias et Vanessa Cunningham Gmyterco

Aussi disponible en Deutsch , Italiano , Português , Español et English

Le diagnostic des réactions cutanées à des aliments chez le chien n’est pas simple. Cet article passe en revue les options possibles et formule des recommandations à l’intention des praticiens généralistes.

© Shutterstock

diagnostic pour les chiens souffrant d’allergies alimentaires et de prurit chronique

Points clés

L’hypothèse d’une réaction indésirable à des aliments doit être envisagée chez tous les chiens souffrant de prurit chronique, une fois que les autres affections cutanées prurigineuses, d’origine infectieuse ou parasitaire, ont été exclues.


Les tests immunologiques peuvent s’avérer utiles chez un chien présentant un prurit chronique, pour formuler un régime restrictif en évitant d’utiliser des ingrédients inadaptés.


Les aliments hydrolysés du commerce ne sont pas standardisés : ils peuvent aussi bien contenir de simples acides aminés que des polypeptides de poids moléculaire élevé.


Après un régime d’éviction, le test de provocation alimentaire ne devrait pas durer plus de 14 jours ; les signes cliniques réapparaissent en général dans les 5 jours qui suivent l’exposition à un aliment incriminé.


Introduction

Les réactions indésirables à des aliments (RIA) sont soit liées à une intolérance alimentaire (IA), soit à une hypersensibilité alimentaire (HA). Dans le 2e cas, il peut s’agir d’une allergie alimentaire (AA), généralement associée à la production d’IgE, ou d’une réaction inflammatoire à médiation cellulaire dirigée contre des allergènes ou des composants alimentaires, fréquente chez les chiens atopiques 1. Pour diagnostiquer une RIA, la méthode de diagnostic de référence consiste à d’abord observer l’amélioration des lésions cutanées et du prurit pendant la phase restrictive du régime d’éviction, avant de voir réapparaître les signes cliniques lors du test de provocation alimentaire (TPA) avec le régime initial. Il n’existe en effet pas de tests commerciaux fiables pour le diagnostic 2,3,4.

Les difficultés pratiques liées aux régimes d’éviction ont suscité des recherches pour mettre au point des protocoles diagnostiques plus faciles à mettre en œuvre et plus acceptables par les propriétaires 1. Des tests immunologiques peuvent être utile chez un chien présentant un prurit chronique : ils aident à formuler un régime d’éviction et à élaborer un protocole de TPA. Ils évitent de tâtonner pour optimiser la composition du régime, ce qui fait gagner du temps et de l’argent au propriétaire. Cet article passe en revue la littérature vétérinaire à propos de l’utilisation des tests avec des extraits alimentaires pour évaluer les RIA chez le chien.

Régimes d’éviction 

La possibilité d’une RIA doit être envisagée chez tous les chiens présentant un prurit chronique et durable, après avoir écarté les autres affections cutanées prurigineuses d’origine infectieuse ou parasitaire, ainsi que l’allergie à la salive de puces 5. Une RIA sera généralement suspectée lorsque le prurit et les lésions ont diminué d’au moins 50 % après la mise en place d’un régime d’éviction ; l’affection sera confirmée si les signes cliniques réapparaissent lors du TPA 3.

La composition du régime d’éviction sera établie en fonction des antécédents du chien. Il est souhaitable de n’inclure que des ingrédients que l’animal n’a pas régulièrement consommés auparavant. Les études montrent que les chiens souffrant d’AA répondent rarement au régime d’éviction au cours de la première semaine. Chez la moitié d’entre eux environ, une réduction significative des signes cliniques est observée au bout de 3 semaines, et plus de 85 % des cas s’améliorent au bout de 5 semaines. Le chiffre dépasse 95 % si le régime d’éviction est distribué pendant 8 semaines. Avec certains chiens, il est parfois nécessaire de prolonger le régime jusqu’à 12 semaines 3 (Figure 1).

Le temps nécessaire pour constater les effets du régime d’éviction sera réduit grâce à un traitement anti-inflammatoire court, permettant de contrôler le prurit allergique initial et l’inflammation 6. Dans une étude utilisant soit la prednisolone (pendant 2 ou 3 semaines), soit l’oclacitinib (pendant 3 semaines), le TPA a été réalisé après 4 semaines et un diagnostic a pu être posé au bout de 6 semaines. Dans cette étude, le diagnostic des réactions induites par l’alimentation chez les chiens atopiques a atteint 100 % dans les deux groupes, et la valeur prédictive négative (VPN) était de 95 % avec la prednisolone. Avec l’oclacitinib, la valeur prédictive positive (VPP) et la VPN étaient respectivement de 63 et 100 % 7. Dans la plupart des cas, la prednisolone semble donc être la meilleure option, probablement parce que les glucocorticoïdes agissent plus vite et que leurs effets anti-inflammatoires sont plus importants 6,7.

Chronologie de l’amélioration clinique suite à la durée de distribution d’un régime d’éviction

Figure 1. Pourcentage d’amélioration clinique associé à la durée de distribution du régime d’éviction chez les chiens présentant des réactions cutanées indésirables à certains aliments.
© Dr de Farias/revu par Sandrine Fontègne

Ration ménagère restrictive

Ce type de régime sera formulé à partir d’une seule source de protéines et d’une seule source de glucides, que le chien n’aura si possible jamais consommé 8. Pendant plusieurs décennies, ces régimes ont été considérés comme l’option idéale pour établir un diagnostic de RIA, mais ils sont presque toujours déséquilibrés, en particulier pour les jeunes chiens à croissance rapide. De nombreux facteurs limitent aussi leur utilisation : le temps de préparation, le risque de contamination, les réactions allergiques croisées entre les composants alimentaires, le besoin d’une supervision par un vétérinaire nutritionniste et la nécessaire implication du propriétaire. Ces contraintes ont conduit à utiliser de plus en plus des aliments commerciaux pour faire le diagnostic des RIA et couvrir les besoins d’entretien des chiens atteints 8.

Aliments hypoallergéniques à base de protéines hydrolysées 

La production d’hydrolysats protéiques vise essentiellement à altérer suffisamment la structure des protéines pour éliminer les allergènes et les épitopes allergéniques, afin d’empêcher leur reconnaissance par le système immunitaire des chiens préalablement sensibilisés à la protéine intacte. Le deuxième objectif serait de décomposer les protéines jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’antigènes susceptibles de déclencher une réponse immunitaire conduisant à la sensibilisation 9.

Les hydrolysats protéiques se composent donc de fragments protéiques d’un poids moléculaire (PM) inférieur à 10 kDa ; leur digestibilité et leur assimilabilité sont élevées, tandis que leur antigénicité est faible. Ces résultats sont obtenus en modifiant la structure tridimensionnelle de la protéine. Diverses méthodes sont utilisées pour transformer la structure des chaînes d’acides aminés, notamment le traitement thermique, l’acidification, l’hydrolyse enzymatique et la filtration 9

Une étude a évalué l’efficacité de cette approche sur 12 chiens présentant des signes cutanés de dermatite allergique après avoir consommé de la viande de volaille ; l’état de 11 d’entre eux s’est amélioré avec un aliment contenant des protéines de volaille hydrolysées 10. Des chiens allergiques au soja ont présenté une augmentation significative du prurit après un TPA au soja, mais un aliment à base de soja hydrolysé n’a pas provoqué le même effet 11

Des études ont comparé l’efficacité des régimes ménagers et des aliments hydrolysés pour diagnostiquer une RIA chez le chien ; les résultats sont similaires mais l’état des chiens nourris avec l’aliment hydrolysé s’améliore plus rapidement, suggérant un potentiel antigénique plus faible 12. Il est important de savoir qu’il n’existe pas de standard pour formuler et commercialiser un aliment à base de protéines hydrolysées. En fonction du degré d’hydrolyse, ces aliments peuvent contenir de simples acides aminés ou des polypeptides de PM élevé. La présence de ces derniers favorise la réactivité croisée entre les allergènes alimentaires et réduit la sensibilité diagnostique de l’aliment 8,9.

Dans une revue de onze études sur les effets cliniques des aliments hydrolysés ou partiellement hydrolysés sur les chiens, des réactions ont été mises en évidence dans quatre études. Une aggravation des signes cliniques était observée chez 20 à 50 % des chiens présentant des AA lorsqu’ils recevaient un aliment partiellement hydrolysé 9. Par conséquent, il est probablement préférable de réserver les aliments formulés avec des protéines hydrolysées aux chiens qui ne sont pas supposés être hypersensibles à leurs composants, plutôt que de les utiliser comme outil diagnostique d’une RIA 8,9.

Les aliments à base de protéines ultra-hydrolysées

En fonction de leur niveau d’hydrolyse, les hydrolysats de protéines peuvent contenir des acides aminés simples ou des polypeptides de PM élevé, ainsi que des traces des enzymes utilisées au cours de la fabrication 13. Ces hydrolysats élémentaires sont produits après ultrafiltration des protéines hydrolysés : cette étape permet d’obtenir des protéines dont le PM est inférieur à 3 kDa et une grande richesse en acides aminés (de 75 à 204 Da). L’ultrafiltration prévient les réactions médiées par les IgE et minimise le risque de contamination par les protéines 14

Une étude a comparé les taux sériques en IgE dirigées contre la volaille chez des chiens nourris avec des aliments commerciaux contenant des protéines non hydrolysées, hydrolysées et ultra-hydrolysées. C’est avec les dernières que les taux sériques en IgE étaient les plus faibles, rendant ainsi improbable le déclenchement d’une réaction allergique 13. En outre, un régime à base de plumes de volaille ultra-hydrolysées n’a pas provoqué de poussées prurigineuses chez des chiens allergiques au poulet, alors qu’avec un aliment contenant du foie de poulet ultra-hydrolysé, des poussées ont été observées chez 40 % des chiens 15. Ces aliments devraient donc être utilisés pour le diagnostic des RIA et peuvent être bénéfiques aux chiens présentant des réactions médiées par les IgE. Les résultats sont plus controversés chez les animaux présentant des réactions retardées à médiation cellulaire 15.

Vanessa Cunningham Gmyterco

Un traitement anti-inflammatoire court, qui diminue le prurit allergique initial et l’inflammation, permet de réduire le temps nécessaire pour constater les effets du régime d’éviction.

Vanessa Cunningham Gmyterco

Tests in vitro pour les RIA

Tests sérologiques

Les tests sérologiques permettant de diagnostiquer les RIA donnent des résultats controversés. Des sérums de chiens présentant des RIA et de chiens sains ont été appariés et envoyés au laboratoire pour doser les IgE et les IgG dirigées contre des aliments : aucune différence significative n’a été constatée entre les groupes 16. Dans une autre étude évaluant les taux d’IgE et d’IgG spécifiques chez des chiens souffrant d’allergies cutanées, la répétabilité insatisfaisante de ces tests a également été montrée 16. Une étude ayant évalué l’intérêt du test sérologique Western blot pour dépister les RIA a conclu qu’il pouvait aider à formuler un régime d’éviction mais pas à faire le diagnostic définitif d’une AA 17. L’utilité des tests sérologiques ciblés sur les IgE et les IgG spécifiques des aliments reste donc limitée. Ces tests ne semblent pas pouvoir être recommandés pour le diagnostic des RIA chez le chien 8,16,17.

Test de prolifération lymphocytaire (TPL)

Chez le chien, l’observation d’une prolifération lymphocytaire en réponse à des antigènes alimentaires peut servir à détecter in vitro des réactions inflammatoires aux allergènes alimentaires, non médiées par les IgE ; les VPP et VPN rapportées sont respectivement de 100 et 93 % 18. Dans une étude, le test TPL aux antigènes alimentaires s’est révélé positif chez 14 chiens ; le suivi médical complet était disponible pour 12 d’entre eux et tous ont présenté une réduction significative du prurit après un régime d’éviction, sans aucun autre traitement 19. En raison de difficultés pratiques, ce test n’est toutefois pratiqué que dans le cadre de protocoles expérimentaux, il n’est pas encore disponible en pratique clinique quotidienne.

Tests in vivo pour les RIA

Tests cutanés intradermiques

En médecine humaine, l’utilisation d’extraits d’allergènes alimentaires dans les tests intradermiques (où l’allergène est injecté directement dans la peau) n’est pas recommandée. Leur caractère fortement irritant peut en effet produire des résultats faussement positifs et augmenter le risque de réactions anaphylactiques. En médecine vétérinaire, des études ont été menées sur des chiens sains mais le manque de standardisation des extraits alimentaires et des techniques utilisées, ainsi que le caractère irritant des tests pour la peau, rendent la méthode très sensible et peu spécifique 8.

Les prick-tests cutanés 

La sensibilité d’un prick-test avec des extraits alimentaires est considérée comme élevée mais sa spécificité est faible pour évaluer la sensibilisation aux allergènes alimentaires. Quelques gouttes de la solution allergénique sont appliquées en surface de la peau avant de faire des piqûres sur le site pour permettre à l’allergène de pénétrer dans l’épiderme (Figure 2). Chez l’Homme, lorsque ces tests sont réalisés avec des extraits standardisés, la VPP varie de 60 à 75 % et la VPN atteint 95 % 20. Des études ont également été réalisées en médecine vétérinaire. Dans l’une d’elles, un prick-test a été effectué sur 34 chiens souffrant de prurit chronique ; 25 chiens ont ensuite été nourris pendant 60 jours avec un régime d’éviction classé comme « négatif » lors du prick-test, avant de recevoir un aliment « positif ». Quatre chiens n’ont pas montré de signes d’aggravation après le TPA mais des RIA ont été confirmées chez les 21 autres chiens 20. Une autre étude (non encore publiée) a porté sur 30 chiens répartis en trois groupes (témoin, dermatite atopique sensu stricto et allergie alimentaire) ; ils ont été soumis au prick-test et un régime d’éviction a été prescrit en fonction des résultats. Lorsque le TPA a ensuite été effectué, la sensibilité, la spécificité, la VPP et la VPN ont été respectivement évaluées à 46, 97, 66, et 93 % par rapport au groupe témoin.

Le prick-test peut donc être utile pour sélectionner les ingrédients à inclure dans un régime d’éviction et choisir ceux qui seront utilisés lors du TPA. Chez les chiens atopiques, les RIA comprennent cependant une composante à médiation cellulaire et cans ce cas, les RAI ne pourront pas être identifiées par le test, ce qui limite sa sensibilité 20.

Procédure de Prick-test pour tester des allergies alimentaires

Figure 2. Prick-test chez un labrador mâle de 2 ans atteint présentant des RIA : le test utilise des extraits d’allergènes alimentaires à une concentration de 1 : 20 (a), appliqués à l’aide d’un applicateur breveté (b). Des papules se développent après le prick-test (c) et elles seront décrites avant d’interpréter le test. (d).
© Dr de Farias

Patch-test ou test épicutané

Les tests épicutanés sont particulièrement intéressants pour identifier les allergènes alimentaires capables de déclencher des réactions atopiques. En effet, chez les chiens atteints de dermatite atopique, deux types de réactions immunopathologiques coexistent : des mécanismes immédiats médiés par les IgE et une hypersensibilité retardée induite par les cellules T 21. Pour réaliser le test, les extraits alimentaires sont placés dans un petit étui (8-12 mm de diamètre) qui est ensuite fixé à la peau avec du ruban adhésif hypoallergénique. Pour faciliter l’adhésion, un pansement est ensuite ajouté et le chien est équipé d’un manteau chirurgical. Une durée de contact avec la peau de 48 heures semble nécessaire pour obtenir une réaction positive 1,4 (Figure 3). Les résultats seront interprétés à l’aide d’un système de notation, comme indiqué dans le Tableau 1 21.

Patch-test pour identifier des allergies alimentaires

Figure 3. Patch-test chez une chienne shi tzu de 3 ans présentant des RIA : des extraits d’aliments crus ou cuits, dilués à raison de 500 mg d’aliment dans 0,2 ml de vaseline, sont insérés dans de petits étuis (a) et fixés ensuite à la peau sur le côté du thorax (b). Ils sont protégés par le port d’un manteau chirurgical (c). En cas de sensibilisation à un extrait alimentaire, des plaques érythémateuses se développent au bout de 48 heures (d).
© Dr de Farias

Dans une étude, des tests épicutanés ont été réalisés avec des protéines (crues et cuites), des glucides (cuits) et des aliments secs du commerce. Après un TPA avec les aliments testés, la VPN a été estimée à 100 % pour les protéines, 79 % pour les glucides et 72 % pour les aliments secs 4. Afin d’identifier les réactions immédiates et retardées aux aliments, 21 chiens atopiques présentant des RIA ont été soumis à la fois à un patch-test et à un prick-test : la sensibilité fut estimée à 80 %, la spécificité à 66,7 %, la VPP à 66,7 % et la VPN à 80 % 1. Seul ou combiné au prick-test, le test épicutané ne permet donc pas un diagnostic définitif des RIA chez les chiens présentant un prurit chronique, mais il peut servir à sélectionner les composants du régime d’éviction et à orienter le TPA 1,4.

 

Tableau 1. Évaluation des réactions aux tests de contact avec des aliments chez les chiens atteints de dermatite atopique présentant des RIA (d’après 21)

0 Pas de réaction ou d’irritation visible
1+ Érythème léger
2+ Érythème modéré
3+ Érythème exsudatif
++ Érythème et papules multiples
+++ Érythème avec vésicules ou pustules, ou lésions exsudatives

 

Test de provocation alimentaire

Le diagnostic définitif d’une RIA ne peut être posé que si l’amélioration clinique obtenue avec le régime d’éviction est suivie d’une réapparition des signes cliniques cutanés après le TPA 3. Ce test de provocation sera réalisé en distribuant à nouveau au chien son régime initial, ou en l’exposant successivement à chaque composant alimentaire potentiellement suspect 1,4

L’apparition d’un prurit, d’une otite externe ou d’une pyodermite superficielle après le TPA peuvent être considérés comme des signes objectifs que les chiens réagissent à l’aliment incriminé ; des signes gastro-intestinaux (vomissements ou diarrhée) sont aussi parfois observés 22. Des nausées, des douleurs abdominales ou des modifications du comportement sont des signes subjectifs qui doivent être interprétés avec le propriétaire 22

Après exposition à un aliment incriminé dans la RIA, les signes cliniques se développent principalement sur les membres et la face 23 (Figure 4). Dans une étude portant sur 46 chiens présentant des RIA, le prurit était le seul signe noté dans 97,9 % des cas ; il apparaissait entre 12 heures et 5 jours après le TPA, même si un chien n’a développé un prurit qu’au 10e jour 23 (Figure 5). Le nombre moyen de jours avant la rechute est de 4 jours (de 1 à 13), de sorte que la durée du TPA ne devrait pas dépasser 14 jours 14,22,23.

Distribution des lésions corporelles après un test de provocation alimentaire

Figure 4. Distribution des lésions après un test de provocation alimentaire chez des chiens présentant des réactions cutanées indésirables à des aliments.
© Dr de Farias /revu par Sandrine Fontègne

Chronologie présentant des signes cliniques récurrents après un test de provocation alimentaire

Figure 5. Délai de réapparition des signes cliniques après un test de provocation alimentaire chez les chiens présentant des réactions cutanées indésirables à des aliments.
© Dr de Farias /revu par Sandrine Fontègne

Lorsqu’un allergène alimentaire est identifié lors du TPA, il sera immédiatement retiré du régime alimentaire du chien, un traitement antiprurigineux sera administré si nécessaire, et le régime d’éviction sera repris pendant au moins 15 jours, ou jusqu’à ce que les signes cliniques régressent 22. Une fois que ces derniers ont disparu, le TPA sera réalisé avec un autre composant alimentaire, jusqu’à ce que tous les composants suspects présents dans le régime alimentaire initial aient été testés. Un algorithme de diagnostic des RIA est présenté dans la Figure 6.

À l’avenir

À l’avenir, l’allergologie moléculaire pourrait aider à mieux détecter une sensibilisation à des composants allergéniques (protéines purifiées ou recombinantes), ce qui permettrait de faire des tests plus standardisés qu’avec des extraits allergéniques bruts. La réactivité croisée des allergènes pourrait aussi être mieux comprise et des profils de sensibilisation médiés par les IgE seront sans doute disponibles plus tard. On peut donc espérer voir la sensibilité et la spécificité des tests de diagnostic d’allergie alimentaire s’améliorer. L’élaboration de protocoles alimentaires spécifiques adaptés à chaque chien aidera aussi à bâtir un protocole multimodal, permettant de mieux contrôler les RIA 24.

Marconi Rodrigues de Farias

La mise en place d’un régime d’éviction est considérée comme la méthode diagnostique de référence pour confirmer des réactions indésirables à des aliments chez un chien. La composition du régime sera choisie en fonction des antécédents de l’animal, en incluant si possible uniquement des ingrédients non-consommés régulièrement par le chien auparavant.

Marconi Rodrigues de Farias

Conclusion

Le diagnostic d’une réaction alimentaire indésirable (RIA) chez un chien passe aujourd’hui par la mise en œuvre d’un régime d’éviction, suivi d’un test de provocation alimentaire (TPA). Les protéines ultra-hydrolysées sont plus performantes pour le dépistage mais les aliments à base de protéines hydrolysées peuvent être utilisés pour couvrir les besoins des chiens. Les patch-tests et les prick-tests utilisant des extraits alimentaires ne peuvent pas servir à diagnostiquer une RIA mais ils sont utiles pour choisir les composants à inclure dans des régimes d’éviction et dans les TPA. Les chiens souffrant d’allergie alimentaire sensu stricto, ou de dermatite atopique induite par l’alimentation, doivent consommer des aliments à base de protéines hydrolysées, dont les ingrédients ne déclenchent pas de réactions inflammatoires.

Références

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Marconi Rodrigues de Farias

Marconi Rodrigues de Farias

Le Dr Farias est diplômé de l’Université fédérale d’Uberlândia. Il a été interne et a obtenu un mastère en clinique vétérinaire des animaux de compagnie à l’Université d’État de São Paulo, au Brésil En savoir plus

Vanessa Cunningham Gmyterco

Vanessa Cunningham Gmyterco

La Dre Gmyterco est diplômée de la PUCPR En savoir plus